Feng Shang

L’artiste Feng Shang pose un certain regard sur le monde qui l’entoure. Il oscille entre deux pôles nourriciers, deux univers en liens permanents. Elle marche sur un fil tendu entre ses deux cultures en prenant chaque année plus d’assurance, de plus en plus alerte sur ce chemin particulier. La Chine, son pays berceau, change en même tant qu’elle. Les images fixes de l’enfance, celles de ses souvenirs, restent persistantes et vives. A chaque voyage, elle découvre les changements opérés par les avancées du temps, « la modernité » qui grignote ses repères : là une petite rue qui disparaît, son ancienne école qui n’en est plus une, ici une campagne, un monde rural en pleine évolution. Le zoom avant de mémoire est suivi d’un zoom sur le réel. Il lui faut constamment élargir le champ, accepter les nouvelles images, Il faut lui refaire une mise au point pour rester en équilibre. Alors, elle aime avec passion montrer l’authentique. La cité de Jingdezhen, là où les hommes fabriquent les objets de porcelaine avec un savoir faire issu de 2000 ans d’histoire. Être le témoin de celle qui s’efface lentement pour lutter contre la course du progrès qui en l’occurrence englouti tout inexorablement. Ses photos en noir et blanc semblent suspendues, immobiles, dans le temps et les photographies en couleurs nous rappellent dans l’ici et le maintenant. Elles possèdent cette beauté de l’instant pris sur le vif et sans trucage, elles donnent la mesure d’un grand écart bien trop proche. En France l’appareil photographique est d’abord un instrument de traduction simultanée, il légitime un regard de curiosité qui l’amène vers l’autre. Découvrir et chercher à comprendre.

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Si le reportage est une forme de récit, Feng Shang raconte des histoires sans pour autant ne se servir d’artifices que dans de rares cas (Personnalités croisées). C’est bien, en premier lieu, le réel qui l’intéresse. Celui qui intègre des étrangetés, des différences qui faut pouvoir s’approprier et traduire dans un langage personnel et accessible. Donner à voir l’autre dans son humanité, l’ailleurs dans toute sa poésie. Les photographies de Feng Shang, observatrice silencieuse, sont comme des jalons sur un parcours, des cailloux blancs qui bornent autant que faire se peut une trajectoire de vie artistique. Elle collectionne les heures bleues, des paysages du soir comme des images miroir de l’âme qui font écho chez le spectateur qui retrouve des espaces familiers. Un travail au long cours, fait d’instants capturés au gré de ses déplacements. Puis elle se penche sur une autre collection, tout aussi personnelle. Elle se saisit des images emblématiques qui constituent sa banque de données photographiques. Les clichés qui s’inscrivent dans son langage, et auxquelles elle a envie de répondre. La photographie d’Auguste Sanders « Jeunes paysans allant danser », celle de Willy Ronis « Lorraine en hiver » Deux photographies de gens en chemin vers ce quelque part qu’elle même cherche sans relâche.

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